R comme Rêve

Publié le par Gwenaëlle

Célinka éteignit la lampe et sa chambre fut aussitôt plongée dans l’obscurité. Célinka ferma les yeux et fit le vide en elle, mais en vain. L’excitation était trop forte pour que la jeune femme puisse être calme et atteindre la paix intérieure. Demain serait un grand jour pour elle, l’aboutissement d’années de travail, de sacrifices. Demain, elle serait acceptée dans le corps des gardes impériales et peut-être même qu’elle serait choisie pour devenir l’apprentie de la Majectrix.


Elle se rappelait comme si c’était hier la première fois qu’elle avait vu défiler le Corps Céleste. Elle avait huit ans et son père était allé dans la capitale pour ses affaires. Il avait accepté de l’amener avec lui, elle allait enfin voir la grande ville. Elle avait sagement suivit son père durant ses rendez-vous, restant dans son coin, attendant avec impatience le moment où ils auraient l’occasion de visiter la capitale. C’était arrivé le matin du troisième jour, ils avaient une matinée entièrement libre et son père l’avait amené dans les jardins royaux. Elle avait vu de nombreuses choses extraordinaires, mais à ses yeux, rien n’était comparable à ce qu’elle avait découvert lors de la parade.


Ils étaient installés au bord de l’année centrale, il y avait des centaines de gens tout autour d’eux. On chantait, on dansait, la joie et la bonne humeur étaient palpables. La ville sentait bon le printemps, Célinka dévorait des yeux tout ce qui se passait, gagnée pas l’excitation ambiante. Puis le défilé commença et quand les cavalières arrivèrent au niveau de la petite fille, quelque chose en elle changea irrémédiablement. La garde impériale, vêtue de leurs armures argentées avançaient lentement, précédée par la Majectrix Laura. Leurs chevaux étaient magnifiques, c’étaient des pur-sang que la fillette trouva gigantesques. Les femmes de la garde, les Rajetix, étaient vêtues chacune d’une armure portant leurs armes et leurs faits d’honneurs. Elles avançaient têtes nues, portant leurs heaumes sous le bras gauche, guidant leurs montures de leur main libre. Les heaumes représentaient chacun un animal différent, en fonction de la personnalité de leur propriétaire. Leur point commun était la queue de cheval qui tombait de leurs casques, de la même couleur que le crin de leurs chevaux. Célinka se demanda s’il provenait de leur monture.


Celle qu’elle admira le plus était la Majectrix. Comme ses compagnes, elle portait une épée au côté, c’était une pièce magnifique, à la garde travaillée. Comme ses compagnes, son armure était en argent. De là où se trouvait la fillette, on pouvait distinguer un lion gigantesque, dressé sur ses pattes arrières, qui attaquait un chevalier en armure. Célinka l’ignorait à ce moment là, mais il s’agissait de la grande bataille des terres sombres, et le lion était Rmachata le sanguinaire, qui avait semé la désolation sur les terres du sud jusqu’à ce que la garde impériale intervienne et que la Majectrix Laura le terrasse. Ce qui différenciait l’armure de la chef des Rajetix étaient les pierres précieuses qui l’ornaient. Sous les rayons du soleil, on avait l’impression qu’un arc en ciel allait sortir du torse de la fière et belle jeune femme.


Alors que la parade était terminée et que son père tirait vainement sur son bras, quelque chose changea dans le cœur et l’âme de la petite fille. Elle avait déjà pensé à ce qu’elle ferait quand elle serait grande, elle voulait être princesse, comme de nombreuses petites filles. Mais là, telle une évidence, elle savait ce qu’elle voulait faire, ce qu’elle devait être. Elle serait Rajetix, peut-être même Majectrix si elle avait de la chance.


Une fois rentrée dans son village, elle s’était plongée dans les livres et avait dévoré l’histoire de la garde impériale. Même si elle ne comprenait pas tout ce qu’elle lisait, elle savait qu’elle avait trouvé sa voie. L’accès au concours d’entrée à la formation des Rajetix ne se faisait qu’à partir de dix ans, elle avait donc un peu moins de deux ans devant elle pour s’entrainer, se préparer. Ses parents avaient d’abord pensé à une lubie d’enfant, la fillette était encore sous le charme de ce majestueux défilé. Mais au fil des mois, ils avaient dû se rendre à l’évidence, malgré les difficultés de l’entrainement qu’elle s’imposait, jamais sa volonté ne fléchissait.


Elle avait été sélectionnée et elle avait cru que son cœur allait exploser le jour où elle avait intégré le corps de formation. C’était il y a six ans. Jamais depuis, sa volonté, son engagement n’avaient faibli. Elle s’était imposée encore plus de discipline, plus de travail que toutes les autres, afin d’atteindre l’excellence. Un jour, elle atteindrait son rêve et ce jour ce serait demain. Elle soupira et se détendit un peu. Elle devait être en forme pour la cérémonie. Ce n’était pas la fin de sa formation, ce serait le début de sa vie. De sa vraie vie…

 

Gwenaëlle C., le 14/02/2012

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C
j'aime beaucoup! en particulier la dédicace, l'histoire est bien ficelée et bien écrite
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G
<br /> <br /> C'était avec plaisir !<br /> <br /> <br /> <br />